J'admire que la critique la plus acerbe comme la plus fine du régime de Carnaval de Jean soit dénoncée par ..... M. Apollon lui-même. Alors que son royal Maître descend sur la scène dans son ridicule costume, il fait jouer à son orchestre la
Marche pour la Cérémonie du Grand Turc, de M. Lulli. Et cette farce est approuvée, dans le choix, des costumes, par le Raïs Kader qui se moque ainsi du peu de considération qu'on a pour les Levantins en Lune comme en Europe (« Comment peut-on être Persan ? »). Et c'est donc sur une
marche prévue pour un ballet ridicule, celui d'un Mamamouchi d'opérette, bourgeois se rêvant paladin/baladin, mauvais prosaillonneur cherchant le sang bleu, que se manifeste la gloire intergalactique du prince. Quel fut donc le Covielle qui lui mit de telles idées et de tels costumes en tête ?
EDIT : mais pourquoi la partition, dotée d'une clef de Sol, est-elle en réalité une partition écrite en clef de Fa ? La subtilité m'échappe... surtout qu'il manque dans ce cas un bémol à l'armure... à moins que M. Apollon n'ait choisi de rendre les altérations accidentelles naturelles et les naturelles accidentelles, comme c'est le cas pour les deux Mi des troisième et cinquième mesures. En ce cas la critique est vraiment d'une rare subtilité. Elle dit que la prise de pouvoir johannique est un renversement de l'ordre naturel, un accident qui ne saurait durer ; et aussi qu'il ne faut pas se fier à l'apparence, que le véritable maître n'est pas celui qu'on pense. M. Apollon dénonce donc en quelques mesures (c'est-à-dire d'un propos mesuré) l'orgueil excessif et ridicule de son Maître, et tout à la fois lui reste fidèle en brocardant l'infamie et la duplicité de son généralissime.
Par ailleurs, j'ai été étrangement surpris de voir qu'un pirate se demandant, saisissant son foulard hypercéphalique de la main droite, « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » tout en laissant son ligneux pilon brûler, puisse avoir une ombre lagomorphique. Il serait temps qu'il sorte de la Caverne....
EDIT 2 : C'est bien le premier tome de la série où MM. Ayroles et Masbou s'essayent à la grossièreté (et même particulièrement salace)... les propos des Contrepétuns franchissent allègrement le Terminateur de la Bienséance.
EDIT 3 (pour éviter de pondre vingt-cinq messages à la suite) : et si la honte empêchait le Maître d'Armes d'avouer que ce n'est pas tant le duel et la rage qui l'ont poussé à assassiner ce malheureux primate, que la rage d'avoir été brocardé quant à la taille de son appendice nasal ?