Salut à tous, Voici un forum qui va nous permettre de discuter de la série BD, du travail des auteurs (Ayroles et Masbou), du site... Bref, vous êtes cordialement invités a vous exprimer :-)
"Je suis dans la situation de quelqu'un qui voudrait gagner le gros lot sans avoir acheté un billet de loterie" (Ionesco) (et plus loin "Si la grâce ne vient pas, ce sera le coup de grâce")
(J'aurais dit -- je me permets de dire "j'aurais dit" parce que Ionesco un peu avant (il s'agit du Journal en miettes) dit "si je fais toutes ces confidences, c'est parce que je sais qu'elles ne m'appartiennent pas et que tout le monde à peu près a ces confidences sur les lèvres, prêtes à s'exprimer et que le littérateur n'est que celui qui dit à voix haute ce que les autres se disent ou murmurent." (rien à voir avec le slogan à la con du front national) -- j'aurais dit, disais-je, "Je suis dans la situation de quelqu'un qui voudrait gagner le gros lot sans avoir les moyens d'acheter un billet de loterie" ou aux heures de mauvaises humeurs et d'orgueil antisceptique : "je suis dans la situation de quelqu'un qui voudrait gagner le gros lot bien qu'il n'existât jamais de loterie".)
Capitaine ô mon capitaine, pourrais-tu nous expliquer ou nous contextualiser ta citation ? Je ne suis pas sûr de bien comprendre l'enjeu.
edit : oui, ok, je me suis répondu tout seul avec google. c'est pas drôle, pour la conversation, en fait, Internet.
edit 2 : google m'a donné médiapart qui m'a donné une citation du même spécialement ciselée pour Aragathis : « Le soleil est indispensable à la vie. La lune, elle, ne l’est pas. C’est ce qui la rend attachante »
En écho à l'aphorisme du Captain, ce passage qui - à mon coeur- est le plus frissonnant du Procès :
"Ses regards tombèrent sur le dernier étage de la maison qui touchait la carrière. Comme une lumière qui jaillit les deux battants d'une fenêtre s'ouvrirent là-haut ; un homme — si mince et si faible à cette distance et à cette hauteur — se pencha brusquement dehors, lançant les bras en avant. Qui était-ce ? Un ami ? Une bonne âme ? Quelqu'un qui prenait part à son malheur ? Quelqu'un qui voulait l'aider ? Était-ce un seul ? Étaient-ils tous ? Y avait-il encore un recours ? Existait-il des objections qu'on n'avait pas encore soulevées ? Certainement. La logique a beau être inébranlable, elle ne résiste pas à un homme qui veut vivre. Où était le juge qu'il n'avait jamais vu ? Où était la haute cour à laquelle il n'était jamais parvenu ? Il leva les mains et écarquilla les doigts.
Mais [...]"
J'aime être la bonne personne au mauvais endroit et la mauvaise personne au bon endroit.
L’âme pleine de nœuds à l’ombre de la mort,
Me voici dans le corps d’une très vieille femme,
Qui se retourne pour injurier le sort,
Le visage élargi de colère et de larmes.
Me voici chien courant jusqu’à trouver un nom,
Chien de la terre, et tous deux nous tournons en rond.
Je me fais une place au fond de ce qui souffre
Moi qui vais suscitant la douleur et le souffle
Où personne avant moi n’avait pu pénétrer.
Je suis la terre où tout s’est toujours perpétré.
(Deuxième strophe de "La Terre chante", de Super-Vieille. [ça doit être dans Gravitations mais j'y mettrais pas ma main à couper])
J'ai eu Jules au tél., il m'a dit avoir pensé à "nouure" mais que ça n'allait pas prosodiquement.
On entend sans les voir les voix des jeunes filles
Des bouts de phrases ébouriffées des rires mots qui se perdent
Et le nom de Marie frais comme un verre qui tinte
Marie dont le prénom marche pieds nus comme elle
La brume est si légère qu’un éclat de rire trop aigu
La déchire et le matin de juin ouvre grands ses rideaux
Il y a une bergeronnette grise et blanche sur le sentier
Battant avec sa queue la mesure d’une musique silencieuse
Les jeunes filles sont descendues à la rivière
Pour se baigner Il y a une vache qui rumine la vie
Son veau avec une tache brune sur l’œil droit
S’amuse à faire croire qu’il est un jeune taureau
En faisant des bons de rodéo qui l’étonnent lui-même
Il fait déjà très chaud La journée sera belle
Tout cela n’est peut-être qu’une apparence
L’illusion d’un début d’été sur fond de vrai néant
Je respire peut-être une illusion d’odeur de foin
J’entends peut-être une illusion de rires
Sur une apparence de berge
Et la petite Marie s’abuse en se croyant Marie
Peut-être Probablement Mais tout de même
En attendant même s’il est sans doute précaire d’exister
Il y a des instants (ce matin) où le temps passe avec douceur
hsdcdb en 2008 a écrit :=> Où qu'il est ce pichet que tantôt tu promis ?
Mélange d'expression incorrecte et plus que familière avec un lexique et une tournure davantage recherchés.
J'ai toujours aimé ce mélange des genres que l'on retrouve par exemple chez Queneau, Rabelais, San-Antonio.
Il a participé aux fondations du forum, ce San Antonio. Heureusement qu'il repasse. Même si je trouve que c'est une vision un peu gentille de l'imagination, façon La Vie Est Belle.
San-Antonio, avec trait d'union. Restons Français, pas Amerlock !
Plus sérieusement, la vision pourrait être "bisounours", ou "La Vie est belle" (plutôt Capra ou Bénigni, d'ailleurs ?), mais à condition que le travestissement soit "positif". S'il consiste à noircir encore le tableau, elle serait un peu moins "gentille", cette imagination.
Comme elle se sort à merveille de son contexte, cette phrase ! Avec cette extraction, l'idée d'obéissance dévient liée au mystère... (Alors que dans son contexte, elle renvoie surtout aux exigences du Petit Prince, donc de quelqu'un qui demande). Là où il y a mystère, il y aurait un ordre ? Une règle ?
Je pense que l'on n'est pas tenu reléguer ce qui est mystérieux au rang de chose supérieure, et qu'obéir ou désobéir s'effacent alors devant le soucis de comprendre...
J'aime être la bonne personne au mauvais endroit et la mauvaise personne au bon endroit.
Oui, ce qui fait l'impression du mystère, justement, ça doit être cette chose autre dont on a déplacé le contexte... Où l'apparence nous donne à voir qu'elle est première, et en même temps qu'elle se remarque si bien parce qu'elle ne l'est pas ; comme une chose qu'on pourrait croire nouvelle, souvenir qu'on ne parvient pas à se rattacher... Au même titre que l'art abstrait n'est qu'un rêve un peu fou, puisqu'il restera toujours réel, ne serait-ce que par ces "choses" (qui peuvent être des formes, des tracés, des couleurs... du connu dénaturé). J'aime bien ta lecture de la citation, puisqu'elle insiste sur du non-dit (et les "y" implicites, c'est drôlement mystérieux).
De mon côté, elle m'évoquait principalement l'ordre que le mystère parait provoquer en s'imposant, et par conséquent notre obéissance comme l'incapacité de comprendre ce mystère. D'ailleurs, ça me fait penser qu'on pourrait retrouver l'idée du jeu, dans cette citation... S'agissant du Petit Prince, ce ne serait pas déplacé (à creuser autour du verbe oser ?). Mais je ne pensais pas immédiatement à cette idée, du rapport entre la "chose" et le mystère en tant qu'attribut.
J'aime être la bonne personne au mauvais endroit et la mauvaise personne au bon endroit.